Room, une petite pièce et pas grand chose à l’extérieur

Avec cinq nominations aux Oscars et un public globalement conquis par le film, Room semblait être l’un des films incontournable de cette fin de premier trimestre de l’année 2016. L’oeuvre se divise en deux parties, la première, dans une pièce de 10m², où Ma et Jack, son fils, sont enfermés depuis bien trop longtemps. La seconde, l’après « Room » où ils sont relâchés dans le vrai monde, tentent de surmonter leur traumatisme et de se réadapter à une vie plus traditionnelle.

 

Les 45 premières minutes du film, dans la pièce, sont d’une platitude sans bornes. Le récit met bien trop de temps à s’installer, on suit le quotidien morne et sans réel intérêt des deux protagonistes. Il est d’un ennui profond, si l’intention du réalisateur était de nous l’infliger, c’est réussi. Puis, tout à coup, patatras, après sept années de captivité, déboule de nulle part l’idée de l’évasion avec de grandes facilités scénaristiques et une pincée de deus ex machina. Il s’agira néanmoins de l’une des scènes les plus captivantes car ce sera probablement l’une des seuls fois où l’on ressentira enfin quelque chose, un soupçon d’émotion et d’implication envers les deux personnages. Le film souffre principalement du manque d’empathie que l’on peut avoir pour Ma et son fils. Ils ne sont pas attachant. Certes, ils n’ont pas eu une vie facile mais on reste comme imperméable malgré des tentatives de pluie de tristesse qui nous tombe dessus. Pourtant, ce ne sont pas les occasions qui manquent, la larme du spectateur est clairement recherchée mais elle ne verra jamais vraiment le jour.

Room (1)
Une journée captivante au sein de la « Room »…

Vient ensuite le second acte, en dehors de la « Room ». L’effet est relativement bien réussi, après tout ce temps passé dans ce petit espace à huis-clos, les premières minutes en extérieur sont revigorantes. La suite, beaucoup moins. L’heure restante, les scénaristes parsèment le chemin de points à développer, pour finalement les contourner. Par exemple, à son retour dans la vie réelle, le père de Ma, semble rejeter son petit fils, fruit des viols répétés du geôlier sur sa prisonnière. Le point n’est pas développé et on passe rapidement à autre chose, on aura jamais d’explications ni d’approfondissement de la question. Pire encore, ce qui est supposé être le point central du film, la réadaptation de l’enfant à la vie civile est tout bonnement ellipsée. Un temps ça ne va pas, le garçon est timide et renfermé, la seconde d’après, il est ouvert, souriant et beaucoup plus extraverti, tout se déroule en un simple claquement de doigts. D’une manière générale, le scénario suit le cours des choses avec une certaine prévisibilité, plus vraiment de surprise pour le spectateur, ce à quoi l’on s’attend se produit. Ajoutons à cela des plans quasi chaotiques, filmés en caméra épaules systématiquement branlant, Room frise la grande déception.

Heureusement, les acteurs sont bons. Si l’écriture ne les met pas particulièrement en valeur, on peut reconnaître à Brie Larson qu’elle mérite bel et bien son Oscar de meilleure actrice. Quant à Jacob Tremblay, on notera la capacité incroyable qu’a eu le réalisateur de le tenir à l’écran tout la durée du film. Il réussit à la perfection à se rendre insupportable, sûrement voulu par la mise en scène.

En somme, il est dommage que la réalisation, l’écriture et le message raté voulu par le film ne permette pas de sublimer le jeu des deux acteurs formidables.

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